Le Pic de Charlus

À Bassignac

Description

Coiffé des vestiges d’une des forteresses les plus importantes de la Haute-Auvergne, ce site offre un vaste panorama des Gorges de la Dordogne aux Monts du Cantal, qui mérite à lui seul, l’effort de grimper jusqu’au sommet.

Les premières évocations de Charlus remontent bien avant l’an mil et l’histoire de ses propriétaires successifs s’achève à l’aube du XIX e siècle.
Après avoir évoqué Bassignac (lire nos éditions des 23 et 30 novembre), il convient de se tourner vers le pic qui lui fait face, sur laquelle était érigée l'une des plus importantes forteresses de la Haute-Auvergne : Charlus. À ce jour, quelques pans de murs subsistent, ainsi qu'une croix (que l'on voit depuis la route de Mauriac à Bort-les-Orgues), marquant l'entrée de l'antique chapelle du château.

Etienne V consacre la chapelle
Charlus, châtellenie et fief dont 18 paroisses relevaient, couvrant un territoire qui s'étendait de Bouissou, à l'est de Champagnac à Valette (en aval de Spontour, Corrèze). Charlus qui fut propriété des plus grands noms et dont l'histoire rejoint, tout simplement, celle de la France.

Alors que certains historiens évoquent une famille de Charlus, le Docteur de Ribier pense que les seigneurs du fief ont été, dès sa construction, de la maison de Ventadour, descendants de celle de Comborn : « Les seigneuries de Comborn et de Ventadour sont le résultat d'un démembrement de la vicomté de Limoges ». Pour preuve, l'évocation de Jourdain, vicomte de Limoges, seigneur de Charlus, Madic et Champagnac en 895. En 1050, la forteresse reçoit Étienne V, évêque de Clermont, qui profite du transfert des reliques de Saint-Mary à Mauriac pour consacrer la chapelle du château, dédiée à Sainte-Barbe.

Les seigneurs de Ventadour vont conserver la citadelle jusqu'en février 1351, date à laquelle Bernard la vend à Guillaume III Roger de Beaufort, vicomte de Turenne. Noble maison s'il en est dont deux papes seront issus : Clément VI et Grégoire XII. Le nouveau seigneur de Charlus est marié à Aliénor de Comminges et leur seul fils Raimond, né en 1352, va plus tard défrayer la chronique.

La lutte entre la France et l'Angleterre est, plus que jamais, d'actualité et, en 1360, le pitoyable traité de Bretigny livre le tiers du royaume aux godons d'Édouard III.

Le traité signifie la paix mais également le « chômage » des soldats. Bon nombre d'entre eux se regroupent et forment les grandes compagnies de routiers qui vont ravager la terre de France, pendant près d'un siècle.

Résistance
La position et la configuration de Charlus lui permettent de résister courageusement mais la forteresse tombera néanmoins, à plusieurs reprises, son suzerain Raimond étant le plus souvent occupé ailleurs. Ainsi, Aymérigot Marchès se rend-il maître du fief de 1383 à 1387, date à laquelle le duc de Berry obtient, contre rançon, le départ du routier.
À cause de son épouvantable caractère et de son esprit d'indépendance, Raimond est plutôt mal en cours et Charlus ne lui sera rendu que dix ans plus tard. Entre-temps, en 1393, sa fille Antoinette a épousé le célèbre Boucicaut (Jean II le meingre), mais le maréchal refuse d'aider son beau-père à récupérer son fief.

« Un chef de guerre cruel »
Quand il l'obtient enfin, le vicomte de Turenne offre le gîte aux anciens routiers qui continuent leurs exactions auprès des populations. C'est la goutte d'eau…
À l'automne 1408, Bernard d'Armagnac, vicomte de Carlat et connétable de France, se présente sous Charlus et, après plusieurs mois d'un siège meurtrier, défait la garnison et reprend la place-forte qui est confisquée à Raimond. Décrit comme « un chef de guerre cruel aussi sauvage qu'un loup et aussi fort qu'un ours », le vicomte s'éteint en 1.413.

Sources. « Charlus-Champagnac et ses seigneurs » du Docteur de Ribier. Recherches de Lucien Peyronnet.


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